Cette thématique me tient vraiment à coeur, tant dans ma classe qu’au sein de ma famille. Et c’est une chouette collègue qui m’a prêté ce livre: La communication Non Violente au quotidien, de Marshall B. Rosenberg.
Je vous présente mes notes de lectures qui transposent les propos de l’auteur aux pratiques de classe.
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État des lieux: L’utilisation de la communication « qui coupe de la vie »
Marshall B Rosenberg oppose la communication Non Violente de la communication « qui coupe de la vie ». Malheureusement, il s’agit, à mon sens, de la communication la plus naturelle héritée de notre propre vécu d’enfant face à des adultes tous puissants. Il est nécessaire d’en prendre conscience pour s’en détacher, afin de former des élèves sensibles à cette forme de communication.
Cette « communication qui coupe de la vie » utilise:
1- Les critiques ( Tu es bavard, paresseux, pénible, dissipé…)
Les critiques fixent l’élève dans son état. Si Pioupiou est dissipé, pourquoi devrait-il changer, comment le pourrait-il?
2- Le déni de responsabilité (Tu dois, c’est comme ça, pas autrement, que ça te plaise ou non…)
Le déni de responsabilité installe chez l’élève l’idée qu’il n’est pas maitre de ses choix. Il fait les choses parce qu’il le doit, que l’adulte le lui a demandé, qu’il doit obéir. On crée ainsi des petits soldats, qui placent l’autorité en maitre à penser et qui n’hésitent pas à exécuter les ordres.
Vous connaissez l’expérience de Milgram?
Et sa version actualisée dans laquelle l’autorité n’est plus incarnée par la blouse blanche du scientifique, mais par la télévision:
Éclairée du résultat de ces expériences, les phrases que nous avons tous prononcées, telles que « c’est comme ça pas autrement » me semblent aujourd’hui bien dangereuses.
3- Les exigences (Utilisation de blâmes et/ou récompenses)
Là encore, le choix de l’élève est biaisé par une conséquence artificielle promise par l’adulte. Ainsi l’élève est dépossédé d’un choix réfléchi et exercé en fonction de la réalité.
La communication-non violente, mode d’emploi:
Ces trois travers de la « communication qui coupe de la vie » identifiés, il nous reste encore à mettre en place une communication non-violente…
Premièrement, il est nécessaire de parvenir à distinguer les observations des évaluations, afin de tenir un discours entendable par l’enfant.
Ainsi, face à un élève qui n’arrive pas à terminer les exercices demandés nous pourrions avoir tendance à dire: « Tu traines en classe, ou tu es trop lent. » Ces propos sont de l’ordre du jugement et provoquent chez l’élève une réaction de défense qui lui permettra de gérer ce qui s’apparente à une attaque. Ce qui ressortira de l’échange, du point de vue de l’élève c’est que la maitresse est méchante, ou que c’est pas juste parce que c’est pioupiou qui a fait rien qu’à lui parler ou encore que de toute façon il est nul et que ces exercices sont trop durs. Bref, utilité de l’échange… néant.
Une observation s’appuie sur des faits clairs et identifiables. On peut préférer par exemple: « Ce matin, je vous ai proposé 3 exercices, tu en as fait un. Tu n’as donc pas pu t’entrainer autant que je l’aurais voulu. »
Ensuite, Marshall B. Rosenberg souligne l’importance de verbaliser les sentiments que nous éprouvons. Et ce, de la manière la plus précise possible. Je me souviens qu’un de mes enseignants de psychologie, lors de ma formation à l’IUFM (pardon feu l’IUFM) avait tenu des propos qui m’avaient marqués concernant l’expression des sentiments par l’enseignant. Il nous avait expliqué que la plupart des étudiants considèrent qu’un bon enseignant est un enseignant qui parvient à gérer et contenir ses émotions. Mais qu’en réalité, rester impassible face à une situation intense peut revêtir un caractère d’extrême violence pour les élèves qui interprètent cette maitrise comme la preuve d’une absence de relation. Finalement le maitre ou la maitresse qui n’exprime pas d’émotion, est un maitre ou une maitresse qui ne s’intéresse pas à ses élèves.
Il apparait en outre nécessaire de distinguer ses sentiments de ses ressentis. Par exemple, dire : Je me sens ignoré lorsque vous bavardez alors que j’essaie de vous expliquer l’exercice. » implique une accusation sous-jacente. Ce n’est pas l’expression d’un sentiment, mais l’interprétation du comportement des élèves. Nous ne pouvons être sûr que leurs discussions sont le témoins de leur manque de considération pour nous. De plus cela attribue la responsabilité de notre émotion à l’autre.
Il est donc important de faire un lien explicite entre ses sentiments et ses besoins en les liant dans une phrase telle que « Je me sens … parce que JE » qui permet de verbaliser en cause à effet un besoin. Pour reprendre l’exemple précédent, on pourra dire, « je me sens en colère parce que j’ai besoin de calme et de silence pour donner ma consigne. » Ainsi, le sentiment de colère (bien légitime dans cette situation n’est-ce pas) n’est plus imputé au comportement des élèves, mais bien à un de nos besoin qui n’est pas respecté.
La dernière composante de la communication non-violente dont je voulais parler et qui se trouve dans le livre est la capacité d’empathie. Cette dernière est pour moi particulièrement importante dans ma relation avec les parents d’élèves, notamment dans mon rôle de directrice.
La capacité d’empathie, est la capacité de recevoir les messages de notre interlocuteur et de les lire comme étant l’expression de leur émotion, ou leur besoin et non comme une critique, une attaque ou un jugement. Un des outils pour ce faire est la paraphrase. Je prends l’exemple du parent venant se plaindre que son enfant a été puni injustement. Il faudra être capable de se défaire de l’interprétation première: « Mais bien sûr, il ne faut jamais rien dire à choupinouminou, elle est gonflée celle-là, elle veut m’apprendre mon métier » qui peut pourtant sembler logique. Prendre le temps de reformuler les propos de cette maman peut déjà permettre de temporiser un peu : » Si je vous ai bien compris, vous vous sentez en colère car vous ne comprenez pas la sanction de votre enfant? » Cela permettra aussi au parent de voir que sa demande a té entendue. Bien souvent, cela permettra un apaisement du dialogue.
Ensuite, on peut exprimer notre compréhension: « Je comprends que vous soyez en colère si vous pensez que votre enfant a été puni injustement. L’équipe n’a peut-être pas expliqué correctement la décision qui a été prise. »
Enfin, n’hésitez pas à demander à votre interlocuteur s’il a besoin d’ajouter autre chose, à la fin de la discussion.
Avec les élèves, cette capacité d’empathie permet aussi souvent de les aider à gérer une problématique.
« Si j’ai bien compris, tu te sens découragé car tu n’arrives pas à terminer l’exercice. Moi aussi, si j’étais un enfant, je pourrais me sentir découragée devant ce travail. Peut-être pourrais-tu commencer par la première question, et te féliciter d’avoir terminé ce premier palier. »
Cette démarche est exactement celle que j’apprends aux élèves grâce aux messages clairs que vous pourrez retrouver dans cet article.
Voilà pour ce livre, qui m’a permis de mieux verbaliser les notions que j’entrevoyais sans vraiment les concrétiser. Préciser la théorie est indispensable pour mieux gérer au quotidien, alors j’espère que ces notes de lecture vous permettront d’avancer dans votre réflexion autant que les rédiger m’a aidé à avancer dans la mienne!
C’est très intéressant. Nos habitudes sont tellement ancrées qu’elles reviennent à grands pas. J’essaye régulièrement de procéder ainsi, d’être dans cette dynamique plus respectueuse de l’autre. Je bien suis bien d’accord avec ta conclusion : « Préciser la théorie est indispensable pour mieux gérer au quotidien » lagrandeourse.eklablog.com
C’est très intéressant. Nos habitudes sont tellement ancrées qu’elles reviennent à grands pas. J’essaye régulièrement de procéder ainsi, d’être dans cette dynamique plus respectueuse de l’autre. Je suis bien d’accord avec ta conclusion : « Préciser la théorie est indispensable pour mieux gérer au quotidien » lagrandeourse.eklablog.com
Merci à toi de m’avoir fait découvrir ce livre. Je suis en pleine lecture!
Pas facile, en effet… de changer sa façon de dire les choses…
Je l’essaie depuis peu au quotidien avec mes enfants, et cela semble porter ses fuits!
Je vais donc le faire avec mes élèves!
Bonnes fin de vacances!
Merci pour le retour sur ce livre. Je tente des choses au quotidien avec mes enfants ou mes élèves mais cela est souvent noyé dans un flux de parole contraire. Un appui théorique et une réflexion ne peuvent qu’être bénéfiques !