Oui, c’est à vous, parents, que je m’adresse aujourd’hui.
Parce que vous êtes de plus en plus nombreux à vous promener sur le blog des enseignants et à nous demander conseils, à nous, les profs blogueurs.
Nous demander conseils parce que vous avez peur pour votre enfant. Parce qu’il a des difficultés, n’est pas compris par sa maitresse ou son maitre, parce que les méthodes utilisées vous semblent bien moins satisfaisantes que celles que vous voyez sur votre ordinateur. Ou parce que les ressources utilisées sont intégralement celles des blogs, ce qui semble indiquer que l’enseignant ne travaille pas énormément n’est-ce pas?
Alors, je sais comme il est difficile d’être parent. Je sais que l’on s’inquiète et que l’on désire par dessus tout que notre enfant bénéficie du meilleur. Mais, comment voulez-vous que nous vous aidions, nous, derrière nos écrans? Si nous avions la prétention de pouvoir le faire, dites vous bien que ce serait là, le signe de la véritable incompétence! Cet enfant, pour lequel vous nous sollicitez, nous ne le connaissons pas, nous ne connaissons pas son parcours, son comportement en classe, son rapport avec ses camarades… Nous n’avons aucun élément pour vous conseiller quoi que ce soit.
En revanche, ce que je connais bien, moi, c’est le métier d’enseignant. Ce métier que l’on exerce non pas 24h par semaine, comme certains peuvent le penser, mais 24h par jour. Si si, 24h par jour. Alors on a journée de classe qui parfois peut-être épuisante. Parce que garder 25 gamins en activité toute la journée, avec quand même pour objectif de leur apprendre quelque chose. Les intéresser, les dynamiser, les calmer, les écouter, leur demander de se taire, assurer leur sécurité, capter un comportement inhabituel, gérer les crises… Bref, juste la journée de classe est déjà sportive. Mais, cette journée, elle se prépare. On réfléchit à un projet d’ensemble, on vérifie les notions devant être abordées et on cherche comment les mettre en oeuvre. De manière globale dans un premier temps. Et puis lorsqu’on est prêt pour la classe, on repense tout pour le petit C qui a des difficultés en lecture, on retape les exercices pour la grande V qui n’écrit pas vite. On prévoit un support pour l’EVS de M… Après la journée, il faut reprendre le travail des élèves, comprendre pourquoi c’est raté, faire une danse de la victoire quand c’est réussi, réajuster la journée du lendemain. Alors enfin, on quitte l’école. Comme vous, nous allons faire quelques courses… Et nous tombons sur un lot de bâtonnets en bois pour les glaces qui seraient parfaits pour faire des paquets de 10, ou du coton qui pourrait être sympa à coller en dessin… Certains récupèrent leurs propres enfants à l’école, leur demandent dix fois de se taire ou de chuchoter parce que les voix d’enfants leur sont devenues insupportables. Et puis vient le temps merveilleux de se mettre au lit! De se détendre, de s’assoupir… et de se demander si pour R quand même on ne devrait pas faire une équipe éducative… Si au final nos élèves arriveront à la fin du programme, si les notions ne sont pas justes survolées, si le collègue suivant ne nous en voudra pas de n’avoir pas bien travaillé le passé antérieur…
Alors, pourquoi tout ce laïus larmoyant? Je vous vois venir, si ça ne me convient pas j’ai qu’à changer de métier… Mais cela me convient justement! Et je ne changerais pour rien au monde! Ce que je voulais vous dire, à vous les parents I-Tech, c’est que l’enseignement n’est pas une science exacte. Qu’il n’y a pas de méthode miracle, infaillible. Que ceux qui prétendent le contraire sont souvent ceux qui ne cherchent pas à réfléchir, adapter, se remettre en question. Et que l’enseignant de votre enfant passe les mêmes journées que les miennes. Alors, vous avez des doutes, des questions, c’est normal! Rapprochez-vous de lui. Posez-lui vos questions, faites lui part de vos doutes. Mais s’il vous plait, respectez son investissement, ne le remettez-pas en cause. Iriez-vous chez le médecin en lui disant « je pense que votre traitement est inapproprié, j’ai regardé sur internet et ils disent que c’est ce médicament qu’il me faut! »
Rapprochez vous de l’enseignant de votre enfant parce que vous avez en commun le profond désir de sa réussite. Parce que vous savez, vous, que cela fait 3 semaines qu’il fait des cauchemars alors que lui se demande pourquoi il est si mou en classe, et ce qu’il peut bien faire pour arriver à mieux l’investir. Et puis qu’en discutant ensemble vous ferez peut-être le lien avec un événement qui s’est passé dans la cour de récréation, avec un plus grand que lui…
Bref, la seule personne, avec vous, qui peut aider votre enfant dans sa scolarité, c’est son enseignant, pas les blogueurs!
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